laurent Administrateur Hors ligne
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Posté le: Lun 28 Avr - 19:28 (2014) Sujet du message: Il faut sauver les abeilles ariégeoises! |
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AriégeNews a écrit: |
Il faut sauver les abeilles ariégeoises!
Tel est le cri d’alarme de Sylvie Humbert, apicultrice depuis une vingtaine d’années au pied du Montcalm dans la vallée du Vicdessos.
Ironie du sort, alors que son cheptel n’a pas été épargné par l’inquiétante mortalité qui touche les abeilles dans les Pyrénées ariégeoises, elle vient de recevoir la médaille du Mérite Agricole des mains du ministre Stéphane Le Foll.
Sylvie est certes reconnaissante au ministre d’avoir pensé à l’Ariège pour rendre hommage à l’agriculture au féminin mais elle préférerait comme tous les apiculteurs professionnels ariégeois dans son cas, trouver une solution à ses difficultés.
«Quand j’ai commencé mon activité on parlait de 10% de mortalité hivernale, depuis quelques temps on est passé à 30% et cet hiver la crise sanitaire est terrible, sur ce seul rucher, j’ai enregistré 60% de perdition. Outre la perte sèche des abeilles que nous avons tous enregistrée, il y a l’affaiblissement des colonies qui constitue un manque à gagner. Je viens de racheter des essaims mais la reconstitution des ruches prend du temps, je perds les deux premières miellées… et qui me dit que cet investissement n’est pas à fond perdu?»
Depuis toutes ces années, Sylvie a diversifié son exploitation pour avoir un peu de trésorerie mais ce n’est pas le cas pour les jeunes agriculteurs en cours d’installation (nous l’avons vu avec Céline dans le Couserans). Malgré la passion qui l’anime et son envie de transmettre son amour des abeilles aux jeunes générations, l’apicultrice du Montcalm envisage d’arrêter son activité plus tôt que prévu.
«La saison dernière je n’ai pas pu produire de mile de marronnier, c’est un signe et après l’hécatombe de l’hiver dernier qui nous dit que cela ne va pas se reproduire»
Mortalité des abeilles: les zones de montagne ne sont pas épargnées
«Nous sommes peu nombreux, peu bruyants… un peu comme nos abeilles qui sont pourtant le fondement de l’agriculture en pollinisant plus de 80% des cultures. Aujourd’hui la situation est alarmante pour la profession, la biodiversité et la santé humaine»
Sylvie a rencontré le ministre de l’agriculture il y a un an presque jour pour jour lors de sa visite en Ariège avec Jean-Marc Ayrault. Mais c’était avant l’hécatombe de l’hiver 2013-2014. «L’an passé Stéphane le Foll avait de grandes ambitions pour la France, il voulait en faire un des plus grand pays apicoles européens, leader en agro-écologie avec l’installation de 200 à 300 apiculteurs par an… mais si nous n’arrivons pas à régler ce problème récurrent de mortalités, ces projets sont voués à l’échec»
Depuis le début de l’année les apiculteurs ariégeois ont monté un collectif pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur la situation alarmante de la profession. François Gerster, inspecteur général de la santé publique et Alain Fauconnier, sénateur de l'Aveyron et président du comité stratégique de l'agriculture sont venus à leur rencontre au mois de février mais les aides et le protocole de surveillance tant attendu tardent à venir.
Les apiculteurs encaissent depuis 2008 (date de la terrible épidémie de FCO qui a disséminé les troupeaux des éleveurs ariégeois) les pertes et sont persuadés aujourd’hui qu’il y a corrélation entre le traitement du bétail et la mortalité des abeilles:
«On préfère parler de produits Phytosanitaires mais derrière cette appellation aseptisée ce sont ni plus ni moins des pesticides, des insecticides. Le 27 mars nous avons rencontré à la DRAF, Cyril Videau, écotoxicologue à l’institut Technologique et scientifique de l’Abeille et de la Pollinisation (IPSAP). A la question ces produits peuvent-ils se retrouver dans l’environnement? il a répondu par l’affirmative. Les abeilles sont-elles en contact avec ces produits et sont-ils toxiques pour elles? Le chercheur répond oui et pour lui l’hypothèse tient parfaitement la route.
Sans vouloir incriminer les pratiques des éleveurs il y a longtemps que nous soupçonnons ces problèmes de toxicologie et que nous tirons la sonnette d’alarme. Aujourd’hui des analyses le prouvent, il y a la volonté des services de l’Etat de mettre en place des protocoles de surveillance mais ils se font attendre!»
En cette belle matinée d’avril Sylvie Humbert est occupée à installer ses nouvelles ruches: «Il faudra attendre un mois et demi pour faire la première production de miel. A l’intérieur des nouvelles ruches les cadres sont neufs, la cire nouvelle va être naturellement étirée par les abeilles, permettant ainsi à la reine de renouveler le cheptel… les butineuses sont déjà au travail» C’est avec le même enthousiasme que notre apicultrice nous explique la vie de la ruche et des abeilles. Mais jusqu’à quand?
«J’envisage une action en direction du public pour le sensibiliser sur nos problèmes, organiser un vide grenier devant la boutique, une distribution de miel dans les écoles du canton… le problème touche tout le monde, on ne sait plus à quel saint se vouer!»
Son diplôme et sa belle médaille sont accrochés au mur auprès des récompenses décrochées depuis plusieurs années au salon de l’agriculture de Paris… tout cela lui semble aujourd’hui dérisoire. | |
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